Tomi Ungerer

Tomi Ungerer 1993 2009 Montreux Jazz Festival
Tomi Ungerer, 2017 © Claude Truong Ngoc

1993 & 2009

1993

C’est le publicitaire et graphiste Roger Bornand qui fait l’intermédiaire entre Claude Nobs et le grand dessinateur alsacien Tomi Ungerer, décédé en 2019. La rencontre aurait pu tourner court, d’après Bornand, car Nobs est arrivé une heure en retard au premier rendez-vous au Buffet de la gare de Caux, ce qui a eu le don d’irriter Tomi Ungerer. Les deux hommes vont finalement fraterniser autour d’un faux-filet parfaitement grillé par le directeur du Festival. Dans une lettre qu’il adresse à Bornand, Tomi Ungerer fait ce jeu de mots grivois: «Montreux moi ton chat et je te montre ma chatte». Il va demander plus tard que la phrase soit ajoutée, en version masculine ou féminine, sur une série limitée de t-shirts, qui va s’écouler en un temps record. L’esprit satirique et vicieux d’Ungerer s’exprime aussi dans son dessin en bichromie d’un chat chenapan qui n’a que faire du solfège, même s’il est entièrement habité par la musique. On peut apercevoir l’affiche dans un épisode de la série Treme consacrée à La Nouvelle-Orléans après le passage de l’ouragan Katrina.

2009

Le provocateur Tomi Ungerer signe une seconde affiche en 2009 après un premier visuel en 1993. Le dessinateur et satiriste joue sur le sens de l’affiche censée «dévoiler» une programmation en dessinant un exhibitionniste au clair de lune qui écarte son imper pour révéler un clavier de piano. On notera que l’illustrateur alsacien reprend un élément de son chat turbulent de 1993, puisque comme sur son précédent dessin, une alternance de touches noire et blanches de piano figurent le visage anonyme du flasher. Quand on sait que Tomi Ungerer ne se balade jamais sans chapeau ni sans autodérision, on peut se demander si cette figure de satyre n’est pas à considérer comme un autoportrait.