1983 & 1986
1983
Les photos de Keith Haring en mini short et grosses lunettes qui dessine à la craie blanche ses bonshommes elliptiques sur les panneaux publicitaires des couloirs du métro appartiennent aux emblèmes du cool des années 1980 et d’un art qui se veut pour tous. La première exposition officielle de Keith Haring a lieu en 1982 à la galerie Tony Shafrazi à New York. C’est un immense succès. Pierre Keller le rencontre quelques mois plus tard et lui demande de réaliser l’affiche du Festival avec un personnage qui swingue. Haring propose trois déclinaisons. Elles sont toutes retenues. Les affiches se vendent pourtant mal. La notoriété de Keith Haring n’a pas encore franchi l’Atlantique. Keller rapporte chez lui un stock qui va s’échanger quelques années plus tard entre 8’000 et 10’000 francs pièce. Une bonne affaire ! Surtout, en cet été 1983, Keller et Nobs ont la merveilleuse idée d’inviter l’artiste new-yorkais à Montreux. Comme à son habitude, Haring va peindre sans relâche: de fresques sur de grands panneaux blancs, mais aussi des dessins rapides sur des t-shirts. Tous les supports semblent convenir à cet artiste à la carrière aussi météorique que son dessin était véloce.
1986
Pour les vingt ans du Festival et les 50 ans de Claude Nobs, une affiche royale s’imposait. Pierre Keller y pourvoit en réunissant Keith Haring et Andy Warhol pour une première collaboration entre les deux stars newyorkaises. À la veille du départ de New York de Keller, qui devait rentrer impérativement avec l’affiche, rien n’était prêt pourtant. Haring propose alors à Warhol de dessiner des portées entre lesquelles il pose des bonshommes qui swinguent comme des notes de musique. Les deux artistes décident de peindre l’affiche en rouge et jaune. «C’est une idée très suisse qui va rappeler le condiment Maggi», leur glisse Keller. Le conseiller artistique du Festival emporte l’affiche avec lui. Quelques jours plus tard, la typographie et les signatures des deux artistes arrivent par colis UPS.
